Punition : pourquoi ça ne fonctionne pas ?

Votre enfant désobéit sans cesse et transgresse les règles toute la journée… Vous avez tout essayé : crier, répéter dix fois la même chose, punir… Mais rien n’y fait. Vous avez beau le réprimander, le mettre au coin, lui faire copier des lignes, le priver de télé, il ne vous obéit toujours pas. À chaque nouvelle sanction, vous sentez les liens parent-enfant se distendre. Vous ne savez plus quoi faire. Restez avec nous ! Nous avons deux excellentes nouvelles à vous annoncer : la punition ne sert à rien, et il existe des solutions bienveillantes pour retrouver la paix.

La peur, la soumission et la punition ne sont pas des modèles éducatifs convenables !

À l’heure où les neurosciences prouvent l’inefficacité et la dangerosité des punitions, certains sites et livres recommandent de les remplacer par des sanctions. Ces deux termes sont souvent utilisés comme synonymes dans le langage courant, pourtant, ils n’ont pas la même signification. Alors, que signifient ces deux mots ?

Punition, sanction : en quoi ça consiste ?

Dans les deux cas, il est question d’autorité et de rapport de force. La sanction et la punition ont pour objectif de modifier le comportement des enfants, en supprimant les comportements jugés inacceptables.

La punition

La punition a une dimension répressive et arbitraire. L’enfant est puni suite à un comportement jugé inapproprié. La punition n’est pas annoncée à l’avance, elle n’a rien de “contractuel”. La lourdeur de la punition dépend alors de la gravité de la “mauvaise” action commise par l’enfant, mais aussi de l’humeur et de l’état de fatigue de l’adulte. Ces facteurs expliquent pourquoi les punitions sont vécues comme de grandes injustices.

La punition est une peine infligée à quelqu’un pour une faute dont il est jugé responsable, dans le but de l’aider à s’amender, à améliorer sa conduite à venir.

Définition du CNRTL

La sanction

La sanction a une dimension réparatrice. Les règles sont énoncées et connues à l’avance par les enfants et par les adultes. Elles sont supposément acceptées en avance. Cela efface la dimension arbitraire : pour une “faute” déterminée, une sanction prédéfinie est appliquée. La sanction se veut éducative : elle amène l’enfant à réparer son “erreur” de façon symbolique ou matérielle. Par exemple, l’enfant peut nettoyer les dégâts causés par son comportement, ou rédiger une lettre pour revenir sur sa façon d’agir et s’excuser.

La sanction est une peine ou récompense prévue pour assurer l’observation d’une loi, l’exécution d’une mesure réglementaire, d’un contrat. 

Définition du CNRTL 

punition-sanction-enfant-triste : enfant triste dans son coin avec son ours en peluche

Quelles sont les conséquences de la punition sur le développement de l’enfant ?

Les punitions sont toujours une erreur. Elles sont humiliantes pour tous et n’aboutissent jamais au but recherché.

Célestin Freinet

Peur du gendarme, ruse et humiliation

Les punitions aboutissent rarement à la suppression du comportement “gênant”. L’enfant éprouve un sentiment d’injustice.

  • Soit il cesse le comportement qui lui a valu la punition pour en éviter une nouvelle.

  • Soit il continue à avoir ce comportement, mais sans se faire prendre. Tout comme certains adultes qui prennent plaisir à conduire trop vite et à traquer les radars pour ne pas se faire prendre, l’enfant met en place des ruses.

  • Les punitions répétées peuvent aussi le pousser à se rebeller contre toute forme d’autorité.

  • Dans tous les cas, la punition affecte la confiance en soi et l’amour propre de l’enfant, et dégrade sa relation de confiance envers l’adulte.

Si les conséquences de la sanction sont moins délétères que celles de la punition, elles n’ont rien d’idéal. Imaginez que vous cassiez un vase chez des amis par maladresse. Comment réagiriez-vous s’ils vous demandaient de ramasser les morceaux, de les recoller et d’essuyer le sol ? Vous seriez probablement extrêmement embarrassé. Mais il y a fort à parier que vos amis vous affirmeraient que ce n’est rien. Vous les aideriez spontanément à tout ramasser et à essuyer, puis vous passeriez à autre chose. Alors, pourquoi juger nos enfants si sévèrement ?

Le cercle vicieux de la punition

Catherine Gueguen, médecin spécialisée en pédiatrie, explique quelles sont les conséquences des punitions sur le neurodéveloppement des enfants. Aujourd’hui, les neurosciences nous prouvent que “punir un enfant entrave le bon fonctionnement de son cerveau”.

En fait, l’humiliation que ressent l’enfant suite à une punition, à une réprimande physique ou verbale, ou même suite à une sanction, provoque la sécrétion de cortisol. Si cela se produit occasionnellement, il y aura peu de conséquences nocives. Cependant, la sécrétion régulière et/ou en grande quantité de l’hormone du stress peut détruire les neurones, explique la pédiatre. Cela nuit aux apprentissages de l’enfant, et à son équilibre affectif.

De plus, ces punitions répétées ne poussent absolument pas les enfants à améliorer leur comportement, au contraire ! Ils perdent peu à peu leur capacité naturelle à se montrer empathiques. Ils se replient sur eux-mêmes, s’endurcissent, et tombent peu à peu dans la violence.

Cela ne signifie absolument pas que l’on doive ignorer les comportements inadaptés de nos enfants. Le laxisme est une forme de négligence qui n’a pas sa place dans une éducation aimante et bienveillante. La clé réside dans la communication empathique et la transmission de valeurs. Heureusement, il est possible de poser un cadre et des limites avec bienveillance.

punition-sanction-consequences : marteau de la justice

Éduquer ses enfants avec bienveillance tout en posant des limites, c’est possible !

L’absence de punition ne signifie pas tomber dans le laxisme, qui est aussi une VEO (Violence Éducative Ordinaire) ! Découvrons d’autres manières efficaces et bienveillantes de désamorcer les conflits et de fixer un cadre éducatif.

Comprendre son enfant : l’importance de la communication pour désamorcer les conflits

Souvent, les punitions et sanctions viennent de l’incompréhension. L’enfant ne comprend pas en quoi son comportement est dérangeant, et les parents ne comprennent pas pourquoi il se comporte ainsi. Pour mettre fin à ces incompréhensions, il existe une seule solution : la communication. Pour désamorcer le conflit, il est essentiel de comprendre pourquoi votre enfant agit de cette façon.

Les principes de base de la Communication Non Violente (CNV)

Pour désamorcer les conflits en vous exprimant, privilégiez la Communication Non Violente (CNV). Ce mode de communication se base sur l’empathie. Chaque interlocuteur exprime ses besoins et écoute ceux de l’autre avec authenticité et bienveillance. Le jugement n’a pas sa place en CNV, l’important est de chercher à se connecter à l’autre. Toute colère ou frustration est l’expression d’un besoin : si on ne le prend pas en compte, on ne règle pas le problème, et les crises risquent donc de revenir. 

Même en situation de crise, la CNV permet de maintenir le lien en verbalisant la situation, le comportement, les émotions et les conséquences des actes. C’est aussi un bon moyen de prendre du recul. Souvent, les “bêtises” de nos enfants sont la conséquence d’un besoin insatisfait (nous verrons un peu plus loin comment y remédier) ou d’une incompréhension des règles (il suffit alors de les réexpliquer).

Les 4 étapes de la Communication Non Violente

Pour en apprendre davantage sur la Communication Non Violente, nous vous invitons à lire l’article que nous avons consacré à ce sujet. Voici un résumé des quatre étapes de la CNV, adaptées à des situations dans lesquelles le comportement de l’enfant est inadéquat.

  • Observation : Observez la situation avec votre enfant. Décrivez-la sans le juger. Demandez-lui s’il est d’accord avec votre observation.

  • Sentiment : Expliquez à votre enfant quels sentiments son comportement suscite en vous. Demandez-lui comment il se sent. Réfléchissez ensemble aux sentiments que peuvent ressentir les autres personnes impactées par son comportement.

  • Besoin : Identifiez vos besoins de parent soucieux de l’éducation et du bon développement de son enfant. Demandez-lui quel besoin insatisfait est à l’origine de son comportement. Cela peut être un besoin d’exploration, d’expérimentation, d’affection, d’attirer l’attention, de se défouler… Vous pouvez également commencer par donner la parole à votre enfant.

  • Demande : Formulez une demande concrète, réalisable, précise et respectueuse de votre enfant, formulée positivement. Invitez votre enfant à formuler lui aussi une demande envers vous, pour l’aider à éviter que ce type d’incident se reproduise.

Un exemple de conversation en CNV suite à une “bêtise”

Gardez en tête que la clé du bon déroulement de cette conversation est d’être dans l’accompagnement et la coopération. Par exemple, voici ce que pourrait donner la conversation si votre petit avait tiré les cheveux d’une camarade à l’école.

– J’ai appris que tu avais tiré les cheveux de Léa aujourd’hui pendant la récréation. C’est bien ce qu’il s’est passé ?

– Oui…

– Tu sais, quand j’apprends que tu as fait mal à quelqu’un d’autre, je me sens triste et inquiète. Je me demande pourquoi tu agis comme ça. J’ai peur que les autres enfants te tournent le dos et que tu te retrouves seul pendant la récréation. Et toi, comment tu te sens ?

– Triste.

– Ah oui, pourquoi ?

– Parce que Léa, elle a pleuré, mais moi je ne voulais pas lui faire mal. Après, la maîtresse m’a crié dessus, et je suis allé au coin. Je ne sais pas pourquoi.

– Est-ce que tu pourrais m’expliquer pourquoi tu as tiré les cheveux de Léa ? J’aimerais comprendre.

– Je voulais jouer avec elle, mais quand je lui parlais elle m’ignorait. Alors j’ai tiré ses cheveux pour qu’elle m’écoute. Elle a crié et je me suis fait disputer. Mais moi je voulais juste qu’on joue ensemble.

– Je comprends. Tu sais, j’aimerais que tu apprennes à attirer l’attention de tes camarades autrement. J’ai besoin de te voir grandir entouré de copains et copines. C’est important pour que tu sois heureux d’aller à l’école. As-tu une idée de ce que tu pourrais faire pour attirer l’attention de quelqu’un sans le blesser ?

– Je ne sais pas…

– Je vais te montrer. Tourne-moi le dos, pour voir. Si je te tapote l’épaule tout doucement, est-ce que ça attire ton attention ?

– Oui ! La prochaine fois, je ferai une petite tape sur l’épaule de mes copains.   

Ces conversations à cœur ouvert avec vos enfants demandent du temps et une réelle disponibilité, mais ces moments privilégiés d’échange et d’éducation sont un réel investissement pour leur avenir ! Les enfants apprennent à gérer les relations conflictuelles et à les désamorcer. Tout le monde gagne donc en temps et en sérénité. N’oublions pas que nous sommes les coachs de nos enfants !

punition-alternative-communication-non-violente : communication non violente entre une mère et son fils

7 solutions concrètes et alternatives aux punitions

On ne peut pas éviter toutes les sources de conflits et déclencheurs de bêtises, mais il existe des solutions accessibles à tous pour les réduire au maximum. Nous vous présentons sept techniques basées sur l’anticipation, la communication et l’empathie. Et, bien sûr, passer des moments de qualité avec papa et maman est indispensable pour aider votre petit à gérer ses émotions.

1. Adaptez votre environnement à l’âge de votre enfant

La première chose à faire est d’adapter votre environnement au maximum pour l’adapter à votre enfant. C’est un principe de sécurité, mais aussi éducatif. La pédagogie Montessori, basée sur l’observation des comportements naturels des enfants, préconise d’adapter l’environnement à l’enfant pour qu’il puisse l’explorer et expérimenter.

La plupart des parents pensent à sécuriser leur maison ou appartement lorsque bébé commence à ramper. Sécuriser les prises, portes, fenêtres, placards, w.c. et mettre les produits dangereux hors de portée des enfants semble évident, mais on peut aller encore plus loin.

Vous avez peur que votre bambin attrape des bibelots fragiles ? Simplifiez-vous la vie en leur trouvant une autre place en hauteur. Vous souhaitez encourager l’autonomie de votre petit ? Choisissez des meubles à hauteur d’enfant pour sa chambre, accrochez un porte-manteau à sa taille dans l’entrée, et disposez un marchepied sécurisé devant le lavabo. 

2. Expliquez les règles et donnez-leur du sens

De nombreuses bêtises et conflits entre parents et enfants pourraient être évités facilement… Assurez-vous de toujours expliquer clairement les règles, et demandez à votre enfant de les reformuler. Rappelez-les ensemble régulièrement. Il arrive que des enfants fassent une “bêtise” parce qu’ils ne savent pas que ce qu’ils sont en train de faire est interdit. Expliquez-leur également la raison de chaque interdiction. Vous les aidez ainsi à comprendre pourquoi respecter les règles est dans leur intérêt.

3. Anticipez et gérez les transitions

Le retour du parc, la sortie du bain, le passage à table sont des moments que vous redoutez ? Votre enfant crise à chaque fois que ces moments viennent ? Heureusement, ce n’est pas une fatalité ! Les enfants vivent dans l’instant présent et sont totalement investis dans leurs jeux. La clé pour que ces moments de transition se déroulent sereinement est l’anticipation. Prévenez votre enfant un peu avant en adaptant la formule selon son âge. Par exemple, vous pouvez lui annoncer :

  • “On fait encore trois tours de toboggan et on rentre à la maison.”

  • “On ouvre le bouchon de la baignoire et on sort dès qu’il n’y a plus d’eau.”

  • “Je vois que tu es très occupé à construire cette tour ! On construit encore un étage, et on passe à table. Même les grands architectes ont besoin de prendre une pause déjeuner !”

  • “On termine le livre et on éteint la lumière pour dormir.”

  • “Je règle la minuterie sur 15 minutes : je te fais confiance pour éteindre la télé lorsqu’elle sonnera.”

4. Mettez le jeu dans les petites choses du quotidien

Les enfants apprennent énormément en jouant, alors pourquoi ne pas mettre le jeu dans les petits moments du quotidien ? Cela permet aussi d’éviter des crises liées à l’ennui, par exemple. C’est aussi un excellent moyen de détourner l’attention des enfants lorsque la frustration arrive. Voici quelques exemples de jeux à mettre en place au cours de la semaine.

  • Vous faites les courses avec votre enfant qui trouve le temps long ? Investissez-le d’une mission de la plus haute importance : trouver les cinq plus belles carottes du bac de légumes et les emballer dans un sac. Attention à ne pas les reposer si vous estimez qu’elles ne sont “pas assez belles”. On peut faire des compromis sur l’apparence des légumes pour donner confiance en eux à nos enfants.

  • L’heure de partir du parc arrive et cela attriste votre enfant ? Et si vous comptiez les pas jusqu’à la maison ?

  • Votre enfant n’a pas vraiment envie de ranger sa chambre ? Et si vous lanciez le chronomètre en lui lançant le défi de mettre tous les jouets dans la caisse en moins de 30 secondes ? Vous pouvez bien sûr l’aider à accomplir cet objectif.

5. Proposez une alternative avec un choix fermé ou guidez l’enfant vers un choix raisonnable

En grandissant, votre bambin adore dire “NON” (surtout vers 2 ans). Ne le prenez pas comme un terrible affront, c’est tout à fait normal. Votre petit sait désormais marcher et parler. Il gagne en autonomie et souhaite s’exprimer. Le “non” est un moyen de verbaliser sa quête d’indépendance. Mais alors, que faire s’il refuse de mettre ses chaussures pour sortir ? Vous pouvez essayer ces deux alternatives.

  • Demandez à votre enfant : “Est-ce que tu préfères mettre les bottes jaunes ou les bottes vertes ?” L’alternative lui permet de choisir et d’exprimer sa propre volonté. Mais comme vous avez déjà sélectionné deux réponses acceptables, il n’y a pas de place pour le conflit.

  • Et si vous ne disposez pas de deux paires de bottes ? Demandez à votre enfant : “Quelles chaussures met-on pour jouer dans les flaques d’eau lorsqu’il pleut ?” Votre petit vous donnera de lui-même la bonne réponse : “Des bottes !” Il ne reste plus qu’à les enfiler.

6. Proposez des activités créatives, sportives, en plein air

Les enfants ont besoin de dépenser leur énergie dans des activités saines et ludiques. Permettez-leur de dépenser toute cette belle énergie en réalisant des activités créatives, sportives et de plein air. Selon la météo, les goûts de vos enfants et vos possibilités, vous pouvez leur proposer toute sorte d’activités : dessin, découpage, cuisine en famille, jeux de société, passes avec un ballon, promenade en forêt, danse dans le salon…

7. Aidez votre enfant à réparer et proposez-lui de trouver des solutions

Et si votre enfant fait une “bêtise” ? Vous l’aurez compris, la punition ne servirait à rien, et pourrait faire des dégâts. Aidez-le plutôt à comprendre quelles sont l’origine et les conséquences de ses actes. Proposez-lui ensuite de trouver des solutions pour réparer les dégâts ou éviter que cette situation se reproduise. Veillez à proposer des solutions respectueuses de votre enfant : nul besoin de l’humilier pour l’éduquer. Bien sûr, vous pouvez l’aider à nettoyer ou à présenter ses excuses. Apprendre à réparer ses erreurs avec votre soutien l’aidera à développer son autonomie et son estime de soi.

punition-alternatives-cooperation : deux personnes plantent une graine ensemble

 Des outils pour guider votre enfant vers l’autonomie et vivre votre bonheur en famille

Le but de l’éducation est de guider votre enfant vers l’autonomie et l’épanouissement, en vivant heureux en famille. Si vous avez pris la décision d’élever des enfants, ce n’est pas pour leur crier dessus ou les mettre au coin à longueur de journée ! Pour vous aider à remettre l’harmonie dans votre foyer, Élisa a créé un plateau de motivation ludique et pratique. Cette maman souhaitait trouver une solution pour que ses deux enfants fassent ce qu’elle attendait d’eux sans avoir à le leur répéter des dizaines de fois. Ainsi est né l’organiseur Woody’s Family, adopté par plus de 1 000 familles satisfaites !

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